23/09/2010
Il y a des mots qui arrivent. Certains jours on les entend plus que d’autres. Certains jours ils semblent insister. Le contexte peut être variable, non reconnaissable comme identique d’un analysant l’autre. Chacun parle de ses problèmes, et puis arrive :
il faut que je puisse résister
il est temps de résister
ça ne peut plus durer, on doit résister
pendant la Résistance…
ah celle-là,oui, elle est reconnaissable, elle avance à visage découvert, elle s’écrit en majuscules, mais ce sont les autres qui m’intéressent. Est-ce que je les écoute de la même oreille tous les jours ? Ou est-ce que certains jours se glisse un désir autre. Est-ce que je pense à ce qu’on appelle la résistance à la psychanalyse ? Non. Elle ne s’énonce pas ainsi.
En revanche je pense à la psychanalyse comme résistance, de cela on parle peu.
Il est question de l’urgence de résister dans des situations concrètes, précises.
Mais puisque » je » suis « en analyse » , il faut profiter de ce temps où je parle de « moi ». On n’est pas là pour parler politique ! Ah non ? et pourquoi pas ?
Et votre « moi » il va comment ? Il peut se passer du monde qui vous abrite ? Il peut s’en laver les mains de la façon dont vivent les autres ? Je ne rêve pas. J’entends l’envie de résister, et le désarroi et la peur.
Car il faut du courage pour résister, et celui-là c’est un par un qu’il faut l’avoir., le faire naître? Car le courage qui se manifeste seulement en groupe, dans la masse? est fragile . La psychanalyse devrait s’occuper du courage.
Comment faire « en séance » ? Devenir moins sourds à notre peur devant ce monde qui se délite. Et plus courageux.
Moins sourds à ce que l’époque crie , et qu’il est difficile de ne pas entendre, et qu’il est tout aussi difficile d’entendre, parce que quand on l’a entendu, quel inconfort de cheminer comme si de rien n’était. Et encore plus difficile de feindre qu’on n’a rien entendu , surtout si on a un témoin. Analyste et analysant sont témoin l’un de l’autre.
Alors que faire ? Troquer une angoisse contre une autre ? Troquer mon angoisse d’enfant impuissant à changer la folie familiale , contre l’angoisse d’adulte impuissant à changer le monde ?… marché de dupes me direz vous. Et si l’analyse donnait sa place au courage ? Et si elle pouvait « analyser » un par un de quoi est fait le courage de chacun, avec son histoire, ses « complexes », ses folies intimes et sa paranoïa.
Le courage comme partie de la vie, le courage comme particule élémentaire de la pulsion de vie.
Comment traiter l’urgence de résister à la barbarie qui monte, à la barbarie d’Etat ? Sans trahir l’enfant qui vient et dont ce n’est pas l’affaire.
RZ